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Tomi, reviens vite... extrait 39

Publié le par collectif Clairpontois

« Les actes que Tomi avaient réalisés dans sa vie, étaient les seules choses qui comptaient pour lui. Comme cet accueil d’une famille immigrée au tout début de l’installation des familles à la "Chinaille".

Cela n’avait pas seulement consisté en une aide administrative, certes nécessaire, mais aussi en une présence sans faille : aide à la scolarisation des enfants, apprentissage de la langue pour les parents, aide à la recherche d’un emploi, condition indispensable pour une intégration réussie.

Tomi avait toujours privilégié le dialogue avec les autres. Il regrettait que dans le monde moderne les échanges se réduisaient à un jeu de séduction. Comme si quelqu’un devait sortir vainqueur !

"Contredire n’a rien à voir avec l’idée d’être contre l’autre", répétait-il souvent. Il ajoutait : "Contredire, c’est partager une amitié avec l’autre".

Tomi savait que contredire pouvait être aussi un bel outil pour dialoguer ensuite avec soi-même. Il connaissait les difficultés de cette confrontation personnelle : il fallait par exemple savoir accepter d’aller contre ses propres intérêts.

Il affirmait que réfléchir sur soi et contredire était le seul processus de libération humaine.

Tomi détestait les hommes qui dans les médias s’exprimaient de plus en plus souvent sans aucun filtre. Comme si l’essentiel n’était pas le contenu de ce qui était dit mais une authenticité immédiate permettant de proférer des fadaises à la pelle. "Un dialogue n’est pas un ruissellement, réitérait souvent Tomi, une pensée ne coule, pas comme une rivière ; les arguments ne se ramassent pas avec une serpillière".

À la fin de sa vie, Tomi était découragé. Il avait saisi que le dialogue était maintenant remplacé par la provocation et le scandale. Les médias ne s’intéressaient plus qu’aux réactions épidermiques, en abandonnant la mission d’aider à la compréhension du monde.

Sans doute, y-a-t-il dans cette immense déception, une raison de sa mort précipitée. » (p. 100)

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