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Tomi, reviens vite... extrait 50

Publié le par collectif Clairpontois

« Charles avait été le dernier à quitter la "Chinaille". Deux années avaient passé depuis son départ de Clairpont. Il était revenu pour une journée dans ce quartier où il avait vécu pendant plus de cinquante ans.

Fiévreusement il avait voulu tout revoir : les lieux qu’il avait arpentés avec son ami Tomi. Des lieux, si humbles pourtant, comme le bord de la coulée de lave qui se trouvait à l’époque derrière le grand immeuble. Mais il n’y avait pas retrouvé ces bienfaits divers que la lumière porte avec elle selon les heures, le temps qu’il fait ou la saison. Ces lieux-là allaient rester, dorénavant, à jamais dans le seul petit monde de son imagination parée d’une grande douceur.

Il avait quand même retrouvé le grand terrain herbeux en pente où il pique-niquait avec ses amis quand le beau temps était de la partie. Il avait gardé en tête la fraîcheur délicieuse du vent quand des nuages venaient masquer le soleil. Assis sur cette herbe, il retrouvait, soudain, chaque petit détail de ses nombreux souvenirs où alors tout lui paraissait beau. Ce petit monde, qui existait hors de lui, suffisait, alors, à sa joie. Aujourd’hui, son cœur, gai autrefois, devenait triste car il savait que cette allégresse serait désormais impossible à atteindre.

Charles était revenu dans ce quartier transformé et il avait ressenti moins de chagrin qu’il ne le craignait. Il avait retrouvé cette langueur, qui l’avait habité depuis son départ, dans les choses de ce nouveau lieu.

En repartant, il avait croisé un homme. Ils s’étaient regardés mutuellement sans se parler. Tomi était revenu alors dans sa mémoire car cet homme, même s’il ne l’avait pas observé très nettement, était grand, mince avec quelque chose d’agréablement raffiné et attendrissant dans les yeux et dans la bouche. Cet homme avait exercé sur Charles une séduction totalement mystérieuse au point qu’il avait repensé à son amour pour Tomi, incapable de le considérer sans un grand frisson triste. » (p. 251)

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