Tomi, reviens vite... extrait 44

« Le grand-père de Matthieu vivait dans un petit appartement situé sur le même palier que celui de sa fille et de son petit-fils, ce dernier ne lui rendant jamais visite. Le vieil homme n’avait jamais représenté l’image fastueuse d’un patriarche débordant de sagesse qui aurait droit de cité dans la mesure où il proposerait une vision optimiste du futur. Non, sa réalité était hantée par l’ennui, la peur et la solitude. Il épuisait son "dernier âge" (selon sa formule) dans cet appartement.

Ce n’était pas Matthieu qui s’interrogeait sur ce qui pouvait se passer dans ce corps usé qui n’en avait pourtant pas fini avec une perception du monde qui, bien qu’amoindrie ou fataliste, gardait sa vigilance.

Matthieu aurait pu beaucoup apprendre de son grand-père sur comment, très âgé, on perçoit la présence des autres, celle des jeunes par exemple qui hésitent entre le respect et la désinvolture quand ils ne sont pas dégoûtés par la déchéance physique de la survie.

L’adolescent aurait pu aider son parent sans avenir qui s’accrochait désespérément à une identité que personne ne lui reconnaissait plus. » (p. 120)