Tomi, reviens vite... extrait 28
« "Ce que j'ai dans mes valises !" Tel était le début de nombreuses réponses suite à une question posée par des enfants à des locataires en partance pour leur nouveau logement.
― Deux souvenirs de mon pays natal, avait répondu Farzad : je ne veux pas les confier aux déménageurs. J’ai trop peur qu’ils les perdent…
― Mon seul costume neuf que je possède, avait dit un autre.
― Est-ce qu’on pourrait voir ce costume, Monsieur ?
― Je vais vous proposer autre chose ; je vais ouvrir à peine ma valise et vous allez glisser seulement une main dedans et vous me direz ce que vous ressentez…
― Ouah ! Quand on met la main à l’intérieur de votre valise, on touche des choses bizarres à la fois douces et piquantes…
― Il vous reste maintenant à imaginer mon costume ! Peut-être, qu’ensuite, avec votre maître, vous aurez envie d’en fabriquer un qui restituera vos impressions…
Cet homme avait eu raison : il savait que l’imaginaire des enfants est souvent piégé, victime des références du quotidien. Concevoir est parfois meilleur que voir.
― Mais pourquoi n'êtes-vous pas à l'école ?, avait rétorqué bruyamment un troisième.
― L'école dans la rue... un échange de regards entre élèves, maître et locataires qui doivent quitter leurs lieux de vie, n’est-ce pas aussi un bel apprentissage, avait suggéré l’homme avec le costume dans sa valise. » (p. 63)