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Se rapprocher de la simplicité

Publié le par Les 3 fadas

« L’écrivain russe Tolstoï (1828 – 1910) a expérimenté une période de désespoir dans un moment de sa vie où tout semblait pourtant lui être donné, fortune, bonheur conjugal, reconnaissance dans le monde littéraire.

"Je sentais que ce sur quoi je me tenais se brisait sous moi, que ce dont je vivais n’existait plus, que moralement je n’avais plus de quoi vivre. Une invincible force m’entraînait à me débarrasser de la vie d’une manière ou d’une autre. [...] C’était une force semblable à mon ancienne aspiration à la vie, seulement en sens inverse." (1)

Tout va bien et tout va mal, sans que le romancier n’y comprenne rien. Tolstoï s’enfonce dans la noirceur de cette dépression sans cause apparente, dans un désenchantement où il se perçoit enfermé en un présent sans prolongement. Il s’aperçoit progressivement, pendant deux années de souffrance, que le problème n’est pas constitué par sa vie en elle-même, mais par l'existence artificielle de la haute société. L’existence dépourvue de sens l’est seulement dans sa perspective actuelle, étroite et bornée.

Tolstoï perçoit l’artificiel de sa vie. Il fuit alors l’existence conventionnelle des classes supérieures et de l’intelligentsia, pour se rapprocher de la simplicité du paysan russe.

Le désespoir de Tolstoï trouvait son origine dans la négation de ce qu’il conçut après comme sa vraie nature. Dans son cas, la souffrance dépressive a recelé une possibilité "productive", une volonté sourde de résoudre une division intérieure devenue invivable. »

(1) Les Formes multiples de l'expérience religieuse (essai de psychologie descriptive), William James, Editions Exergue, Collection : Les essentiels de la métapsychique, 2001, ISBN : 2911525345

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