Et si votre valise devenait un miroir de votre futur ailleurs ?

Partir de chez soi, pour des vacances ou par obligation, c’est d’abord une grande affaire de valises, ces sortes de grands tamis pour ne retenir que l’utile, ou ce qui est supposé tel pour survivre dans un ailleurs rêvé.

Les enfants tentent souvent de faire entrer dans leurs valises, d'innommables trésors dont eux seuls savent le prix, tous objets d’amour dont c’est un crève-cœur de se séparer et qui sont inéluctablement rejetés comme superflus quand ils essaient de les embarquer clandestinement dans les valises des grandes personnes qui n’entendent rien à ces choses-là. Il leur faut alors se livrer à de diaboliques manipulations pour introduire dans ces valises toute leur maison à eux comme si elle était le plus indispensable de leurs habits.

Malgré toutes les combinaisons possibles et essayées, il reste toujours quelques pièces en trop qui sont exclues. L’heure finit par sonner, il faut se résoudre aux adieux.

Tout cela, c’est encore le problème des enfants dont les parents – migrants – vivent encore au temps des bateaux, des avions, des trains, des embarcations de fortune, et, savent que les valises tirent sur les deux bras et que chaque gramme supplémentaire pèsera bientôt une tonne.

Chaque valise est un peu le rêve matérialisé d’un voyageur qui rêve d’un ailleurs.

Mais peut-être qu’à force d’être reflet et miroir, le bagage accède-t-il par contagion à une vie propre, rêve-t-il à son tour d’un voyageur, entre-t-il en métamorphose au fond d’une consigne, ou le temps d’un somme dans une salle d'attente ?